diagon alley, 1987
mon regard est dans le vague, je semble réfléchir. mais la vérité, c'est que je ne pense à rien.
c'est le vide complet. parfois, il me semble chercher à me remémorer du passé. de mon enfance, de la guerre, de mes débuts en musique, de
elle. puis je balaye tout d'un coup, d'un revers de la main, tout en ingurgitant le contenant de mon verre ; du whisky pur feu, qui vient me réchauffer la gorge.
oui. je préfère tout oublier. d'ailleurs, c'est probablement pour cela que je viens trouver refuge dans ce pub dont j'ai également zappé le titre. je cherche probablement à retrouver le réconfort dans la boisson, alors qu'il en est rien. je me rends compte même que c'est pire encore. qu'une nouvelle fois, je suis pitoyable, me plaignant de ma condition. jamais satisfait de ce qu'il pourrait m'arriver, jugeant les passants qui rentrent et qui ressortent tel un dragon gardant farouchement son trésor.
et quel trésor ! ce n'est rien de plus qu'une choppe. je n'ai rien à défendre ce soir. il vaudrait même mieux pour moi d'essayer de faire connaissance avec ces individus qui aimeraient trouver un ami, rien qu'un soir. qu'après tout, nous sommes peut-être tous ici pour la même chose. et que s'il fallait se morfondre, autant le faire à plusieurs afin que la consolation soit plus efficace. mais je n'ose pas. comme si j'étais convaincu que cela ne servirait à rien. que de toute manière, je ferais tout foirer.
surtout dans l'état où je me trouve ; pas ivre, mais pas complètement sobre non plus. je pourrais être d'humeur explosif et créer un scandale pour un rien. oui, quitte à ce que je m'énerve, vaut mieux que cela se passe dans mon coin. parce que, mine de rien, je suis une âme tourmentée. je me dis que cela est probablement dû à cause de mes expériences magiques encore fraîches qui ont dû atteindre mon esprit. notamment les expériences de magie noire. mais une chose est sûr, ma chose charnelle n'en est pas ressortie complètement indemne non plus puisque je peux percevoir, depuis quelques temps, des écailles noires fleurir au niveau de mon échine lorsque je tourne le dos à mon reflet, dans le miroir.
qu'elle idée d'avoir eu le désir de devenir un animagus. ce n'est pas donné à tout le monde d'en devenir un. j'aurais dû faire attention. je n'aurais même pas dû avoir l'idée de m'essayer à ce genre de pratique. mais c'était plus fort que moi. un jour, je finirais par me perdre. et peut-être que ce jour était enfin arrivé alors que je continue à traîner ma carcasse dans ce genre de milieu. et encore, j'avais la tête de l'emploi pour ce genre d'espace, comme pratiquement tout les clients, d'ailleurs. néanmoins, ce ne fut pas le cas de cette jeune femme qui venait tout juste de pénétrer à l'intérieur du pub pour s'installer non loin de moi. je la détaillais un instant du regard avant de détourner la tête afin de ne pas paraître trop suspect. en aucun cas je ne voulais me faire remarquer.
Sujet: ¬ right in front of me. ✵ lavender [diagon alley/1987] 